Après la grippe espagnole, la dernière pandémie ayant frappé le monde au XXe siècle, l’Europe a connu un formidable élan de créativité et de prospérité économique. Ce furent les « Années folles » en France, les Roaring Twenties outre-Atlantique. En France, l’innovation ressuscitait une industrie meurtrie par la Première guerre mondiale et offrait de nouvelles perspectives à l’automobile, à l’aviation ou encore à la construction navale. Paris redevenait une capitale artistique et littéraire, attirant Picasso, Hemingway, Chagall, ou encore Soutine. Elle accueillait également les Jeux Olympiques en 1924.
Un siècle après, au sortir d’une crise sanitaire et économique traumatisante, quel chemin les économies mondiales, européennes et française vont-elles emprunter ? Quelles seront les conséquences de la pandémie sur l’investissement international, un des moteurs indispensables de l’innovation, de l’emploi et de la croissance ? Et dans cette effervescence post-crise, la France peut-elle rester attractive et compléter l’actif formidable que sont les 16 600 entreprises étrangères implantées dans l’Hexagone qui, rappelons-le, représentent 2,3 millions d’emplois, plus de 20 % du chiffre d’affaires de l’économie, plus de 14 % de l’investissement des entreprises et près du tiers des exportations ?
Premier enseignement de notre baromètre 2021, la France a fait mieux que résister en 2020.
Gagnée à la veille de la pandémie, elle a conservé sa place de première destination européenne pour les investissements directs étrangers. La partie ne fut pas facile, la bataille ayant fait rage pendant la crise pour rassurer les investisseurs, consolider les projets et donner de la visibilité à court et moyen terme. Or, force est de constater que l’action conjointe du gouvernement, des territoires et des dirigeants d’entreprise a permis de maintenir ce leadership.
La lutte a été rude car la concurrence européenne est restée vive. Malgré les épisodes parfois invraisemblables de la série économique britannique de ces dernières années et le Brexit, le Royaume-Uni n’a pas été abandonné par les investisseurs étrangers. Première puissance économique et industrielle européenne, l’Allemagne complète le podium.
Cependant, l’équilibre des forces est plus ténu que jamais, car l’exigence des dirigeants internationaux n’a jamais été aussi importante.
Les revendications traditionnelles, comme la stabilité fiscale et réglementaire, reviennent sur le devant de la scène, tandis que d’autres font leur apparition, comme l’attention portée aux problèmes sociaux et la transition vers des modes de production et de consommation plus écologiques.
Dans ce moment charnière, la France a le potentiel pour consolider son attractivité, se réinventer et maintenir un leadership important en tirant parti des profondes transformations à venir, à condition de savoir prévenir d’éventuelles secousses sociales et économiques.
Si la France a su rassurer et amortir le choc de la pandémie, elle doit désormais convaincre et inspirer.
Le temps de l’urgence doit s’effacer devant celui de la reprise, pour permettre d’engager la France dans les grandes trajectoires de croissance, d’innovation et d’échanges internationaux et la positionner sur les secteurs clés du XXIe siècle : le numérique, la transition écologique, la gestion des villes et la connaissance.
L’investissement international peut être un puissant moteur de la relance, pour autant que nous ne fermions pas nos frontières – physiques, technologiques, financières, culturelles ou politiques – en cédant à la tentation du souverainisme, du contrôle excessif et de la surrèglementation.
La relance bénéficiera aux pays qui s’y engageront les premiers, en fonction de l’avancement de la campagne de vaccination, de la puissance et de la rapidité de mise en œuvre des plans de soutien, mais aussi de l’adaptation de leurs cadres de compétitivité et de la transformation industrielle et technologique de leurs économies.
La France doit rassurer les investisseurs en leur donnant davantage de visibilité sur les mesures et perspectives envisagées pour répondre à ces enjeux, mais aussi en témoignant de sa capacité à construire un écosystème fiscal, réglementaire et normatif évolutif et incitatif qui favorise le développement des secteurs d’avenir, tels que la transition écologique.
Laissons maintenant place à la réalité des investissements et des intuitions des dirigeants de ces entreprises internationales. Nous vous souhaitons une excellente lecture de cette nouvelle édition du Baromètre de l’Attractivité de la France.