Grande confiance dans le marché de l’immobilier et la résilience des PME
Par le passé, les hausses de taux d’intérêt se sont souvent accompagnées d’un recul des prix de l’immobilier, mais le marché suisse en est bien loin. L’excédent de la demande sur le marché immobilier, dû à une immigration nette stable et à un recul de l’activité de construction, semble continuer à soutenir les prix, en particulier dans le segment de la construction de logements.
Des taux d’intérêt élevés, de faibles correctifs de valeur et une économie suisse résiliente conduisent à des résultats record chez les banques interrogées en 2023.
Les banques suisses ne prévoient aucun renversement de tendance et continuent d’être confiantes dans le marché de l’immobilier : seuls 22 % misent sur une augmentation des besoins de correctifs de valeur pour les financements de logements (année précédente : 31 %). La confiance dans la résilience des PME suisses a elle aussi nettement progressé : à peine 42 % des banques tablent encore sur une augmentation des pertes de crédit au cours des années à venir, soit une baisse de 17 points de pourcentage par rapport à 2022.
Conséquences de la reprise de Credit Suisse
La reprise en urgence de Credit Suisse par UBS a fortement contribué à stabiliser les marchés financiers et a renforcé la confiance dans la place financière suisse, même si elle pose aussi quelques défis. Des craintes ont par exemple été émises quant à une éventuelle pénurie de l’offre, au sens d’un resserrement du crédit, précisément dans le secteur de la clientèle entreprises. À court terme, cela ne devrait pas se produire, bien que la majorité des banques interrogées (66 %) n’excluent toutefois pas des adaptations de l’offre dans le secteur de la clientèle entreprises à moyen et long terme. Les entreprises de taille moyenne, qui n'ont pas d'accès direct aux marchés internationaux des capitaux, seraient alors probablement les premières concernées.
Les banques suisses prévoient en outre un renforcement de la réglementation des marchés financiers, notamment des durcissements des prescriptions en matière de liquidités et de fonds propres (62 % et 40 %) ainsi qu’une activité de surveillance accrue de la FINMA (67 %). Il reste toutefois à voir dans quelle mesure la confiance peut effectivement être régulée durablement de cette manière.
L’intelligence artificielle a le vent en poupe
L’intelligence artificielle (IA) a le vent en poupe au sein de la branche suisse de la finance, puisque 82 % des banques déclarent s’y intéresser. Certes, une majorité de banques indiquent se limiter pour le moment à des discussions générales sur le sujet ; cependant, un tiers des banques interrogées (32 %) a tout de même élaboré des premiers cas d’application ou déjà réalisé des projets pilotes. Les applications d’AI ne sont toutefois déjà utilisées de manière opérationnelle que par 6 % des banques interrogées. Elles voient des cas d’application en premier lieu dans les domaines « Réglementation & Conformité » (54 %) et dans l’automatisation des processus (55 %), donc plutôt dans le back-office que dans l’interaction avec la clientèle. En effet, seuls 20 % des banques envisagent actuellement des applications dans le domaine du conseil à la clientèle et du conseil en placement.
Les banques suisses doivent soigneusement veiller à ce que l’IA ne soit pas un vecteur de risques ou de problèmes pour leur établissement, en particulier en ce qui concerne les interactions avec la clientèle, la gestion des risques et la conformité.
La durabilité et la déclaration d’informations en tant que facteurs importants
Les banques suisses développent leur offre dans le domaine de la durabilité : 37 % d’entre elles appliquent déjà des critères ESG lors de l’octroi de crédits et 35 % ont l’intention de le faire à l’avenir.
Durabilité et déclaration d’informations
1/3Un tiers considère la publication d’informations en matière de durabilité comme le principal défi opérationnel dans le domaine de la durabilité.
Si les banques ne peuvent pas tenir ces promesses ou si elles ne disposent pas des preuves nécessaires, elles s’exposent à des accusations d’écoblanchiment. Bien qu’environ deux tiers des banques interrogées continuent à y voir en premier lieu un risque pour leur réputation, il est intéressant de constater que les autorités de surveillance de places financières de premier plan prennent des mesures de plus en plus rigoureuses contre le greenwashing, en infligeant parfois de fortes amendes.
À partir de 2024, les choses deviennent sérieuses : les banques doivent appliquer les recommandations du TCFD et intégrer les risques climatiques dans la gestion des risques.
Le rapport sur les questions climatiques représente un autre défi pour une grande partie des banques suisses à partir de l’exercice 2024. Les banques qui remplissent certains critères de taille devront mettre en œuvre les recommandations du « groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (TCFD) » dans leur rapport public. De plus, le Conseil fédéral prévoit de soumettre à révision à l’avenir la publication d’informations en matière de durabilité exigée par la loi. L’élaboration d’un tel rapport contrôlable pourrait représenter un projet important pour de nombreuses banques. Un tiers des banques considère la publication d’informations en matière de durabilité comme le principal défi opérationnel dans le domaine de la durabilité.
Résumé
Le baromètre des banques EY 2024 montre que les banques suisses ont relevé avec succès les défis complexes de l’année 2023 et envisagent l’avenir avec confiance. Il s’agit désormais de poser des jalons pour l’avenir et d’investir dans un développement axé sur l’avenir.